Ciné-club

CINÉ-CLUB JOSEPH L. MANKIEWICZ

DU 28 AVRIL AU 23 JUIN 2024
CINÉ-CLUB 
JOSEPH L. MANKIEWICZ
ANIMÉ PAR FABIENNE DUSZYNSKI
Fabienne Duszynski est enseignante à l'Université de Lille et membre du comité de rédaction de la revue Vertigo.

«En 20 films, et autant de chefs-d’œuvre, Joseph L. Mankiewicz s’est installé au panthéon des plus grands réalisateurs hollywoodiens. Après avoir été dialoguiste et producteur, il met en scène ses propres scénarios, écrits d’une plume vive et acérée. Il fait tourner les plus grands – Ava Gardner, Marlon Brando, Humphrey Bogart, Bette Davis, Henry Fonda... –, décortique les rapports humains et moque avec finesse les différences sociales. Mais surtout, de Madame Muir à La Comtesse aux pieds nus, d’Ève à Cléopâtre, il filme ses actrices, les femmes, la Femme, avec virtuosité et élégance, dans un style si parfait qu’il en devient invisible.»  Murielle Joudet - La Cinémathèque Française

L'AVENTURE DE MADAME MUIR (THE GHOST AND MRS MUIR)
États-Unis I 1947 I 1H44 I VOSTF I Avec Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders
Nomination pour l’Oscar de la meilleur photographie 1948
Une ravissante veuve, Mme Muir, se retire dans une maison en bord de mer avec sa fille et une domestique. Le fantôme de l'ancien propriétaire des lieux, le capitaine Gregg, hante la demeure. Mais Mme Muir est plus fascinée qu'effrayée.
«Soyons subjectifs, Mrs Muir est le plus beau film de Mankiewicz. Celui dans lequel – pardon aux amateurs de la malice du Limier, de l'intimité douloureuse de La Comtesse aux pieds nus, du cynisme délectable d'Eve – s'exprime toute la quintessence de son art. Une réalisation qui tutoie la perfection, dont l'élégance n'a d'égale que la discrétion. Photographie, cadrages, mouvements de caméra, portés par la sublime partition de Bernard Herrmann, sont encore une fois au service du récit. (...) Histoire de fantôme, de fantasme, d'un romantisme fou et d'une mélancolie poignante, d'une profonde modernité, Mrs Muir se démarque aussi par son féminisme affirmé.» 
La Cinémathèque Française
--> DIMANCHE 28 AVRIL • 10H45

CHAÎNES CONJUGALES (A LETTER TO THREE WIVES)
États-Unis I 1948 I 1H43 I VOSTF I Avec Linda Darnell, Kirk Douglas, Ann Sothern
Au moment de partir ensemble en excursion, trois femmes mariées reçoivent une lettre de leur amie Addie Ross, qui leur annonce avoir quitté la ville avec l'époux de l'une d'entre elles.
«Chaînes conjugales est, avec L'Aventure de Madame Muir, un des premiers véritables succès de Mankiewicz. Telle une «radiographie clinique de l’institution du mariage» (Isabelle Regnier), ce sixième film du cinéaste est un véritable bijou. Une voix-off (si douce) et trois longs flashback qui se répondent entre eux : la mise en scène est audacieuse pour l’époque. Élégant et intelligent, le film ne manque pourtant pas d’égratigner le vernis du mariage, l’obsession de l’ascension sociale et du conformisme de cette Amérique moyenne des petites villes anonymes.»
Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes - Festival Lumiere
--> DIMANCHE 5 MAI • 10H45

EVE (ALL ABOUT EVE)
États-Unis I 2H10 I 1950 I Avec Bette Davis, Anne Baxter, George Sanders
Oscar de la Meilleure réalisation 1951, du Meilleur son, du Meilleur film, du Meilleur scénario adapté, Meilleurs costumes, Meilleur acteur dans un second rôle pour George Sanders // Meilleur scénario Golden Globes 1951
Le prix Sarah-Siddons, attribué à la meilleure actrice de théâtre de l'année, est décerné à Eve Harrington que toute l'assemblée applaudit, sauf deux femmes... et leurs maris. Celles-ci, par l'entremise d'un long flashback, nous apprennent «tout sur Eve»...
«Tout sur la femme, comme le promet le titre original (All about Eve) ? Tout, sans doute pas, mais le film le plus célèbre de Mankiewicz tient ses promesses, et au-delà. Probablement le plus bel hommage rendu au théâtre par le cinéma, Eve se déploie à partir de deux personnages d’actrice, l’une en pleine gloire et l’autre débutante... (...) Chez Mankiewicz, les mots sont des armes, qui peuvent être mortelles autant pour ceux qui en usent que pour ceux qui les entendent. Que reprocher à un film auquel ne manque pas même Marilyn Monroe, qui apparaît au bras de George Sanders ?»
Pascal Mérigeau - Nouvel Obs
--> DIMANCHE 12 MAI • 10H45

ON MURMURE DANS LA VILLE (PEOPLE WILL TALK)
États-Unis I 1951 I 1H50 I VOSTF I Avec Cary Grant, Jeanne Crain, Finlay Currie
À la faculté de médecine d'une petite ville de province, le brillant docteur Praetorius aide une jeune femme enceinte et en tombe amoureux. Il est en même temps confronté aux attaques d'un collègue jaloux, qui fouille dans son passé et le suspecte d'être un charlatan.
«Réalisé après le triomphe d’Eve, On murmure dans la ville était le film préféré de Cary Grant (au sommet de son élégance morale et vestimentaire), et demeure le titre le plus optimiste et serein de l’œuvre de Mankiewicz. Enclin au cynisme et à la misanthropie, ou du moins à un regard souvent cruel sur les vanités humaines, Mankiewicz dresse ici le portrait d’un humaniste. (...) Chef-d’œuvre d’esprit et d’intelligence (qualités constantes chez Mankiewicz), On murmure dans la ville recèle des trésors d’invention et d’émotion.» Olivier Père - Les Inrocks
--> DIMANCHE 19 MAI • 10H45 

 

L'AFFAIRE CICÉRON (FIVE FINGERS)
États-Unis I 1952 I 1H48 I VOSTF I Avec James Mason, Danielle Darrieux, Michael Rennie
En 1944, Diello sert un ambassadeur anglais à Ankara, en Turquie. Il en profite pour livrer des photographies de documents secrets alliés aux nazis sous un nom de code : Cicéron. La comtesse polonaise Anna Staviska fait mine de l'aider...
«L’Affaire Cicéron est le plus beau film d’espionnage de l’histoire du cinéma. (...) L’Affaire Cicéron se clôt sur le rire James Mason. Énorme. Tonitruant. Communicatif. A lui seul, il résume tout Mankiewicz. Sa dérision permanente. Son amusement et son désespoir à l’idée qu’entre les hommes, le mensonge est la seule vérité possible. Dans ce film encore plus féroce que les autres, il contemple des pièges qui se referment sur ceux qui les ont ourdis.» Pierre Murat - Télérama
--> DIMANCHE 26 MAI • 10H45

LA COMTESSE AUX PIEDS NUS (THE BAREFOOT CONTESSA)
États-Unis I 1954 I 2H08 I VOSTF I Avec Ava Gardner, Humphrey Bogart, Edmond O'Brien Oscar 1955 du Meilleur acteur dans un second rôle pour Edmond O'Brien
Lors des funérailles de la comtesse Torlato-Favrini, le réalisateur Harry Dawes se souvient de la défunte, depuis le jour où il l'a rencontrée alors qu'elle dansait dans un cabaret sous le nom de Maria Vargas.
«Dans cette réflexion grinçante sur le star-system et son miroir aux alouettes, à travers des personnages en qui le Tout-Hollywood, à l’époque, crut se reconnaître, offusqué, Mankiewicz brocarde la jet-set et ses faux-semblants. Il laboure le sillon d’un de ses sujets favoris, les différences de classe, ici stigmatisées par une noblesse désuète et inutile. N’hésitant pas à multiplier des flash-backs comme autant de points de vues fragmentaires, il filme dans des décors fastueux une histoire de Cendrillon moderne, magnifique et poignant portrait de femme, qu’il fait glisser vers une réalité amère.» La Cinémathèque Française
--> DIMANCHE 2 JUIN • 10H45

SOUDAIN L'ÉTÉ DERNIER (SUDDENLY LAST SUMMER)
États-Unis I 1960 I 1H54 I VOSTF I Avec Elizabeth Taylor, Montgomery Clift, Katharine Hepburn
Adapté de la pièce de théâtre de Tennessee Williams Le Dr Cukrowicz pratique la neurochirurgie dans des conditions précaires. Une riche veuve, Violet Venable, souhaite léguer un million de dollars à son établissement, à condition que Cukrowicz pratique une lobotomie sur sa nièce.
«Mankiewicz frappe fort. Il triture les tabous, explore le refoulé, n'esquive aucun écueil. Homosexualité, cannibalisme, inceste, perversion, viol, folie... Il tord, éparpille et reconstruit l'œuvre de Tennessee Williams, l'installe dans des décors sordides, pesants et baroques, la colore d'un noir d'encre entre mythologie et tragédie grecque. Passionné de psychanalyse, il ajoute une pincée de finesse à ce drame œdipien, insoutenable, et dirige à la perfection trois immenses acteurs dont la composition donne au film une rare intensité.» La Cinémathèque Française
--> DIMANCHE 9 JUIN • 10H45 

CLÉOPÂTRE (CLEOPATRA)
États-Unis I 1963 I 4H11 I VOSTF I Avec Rex Harrison, Richard Burton, Elizabeth Taylor
Le destin et l'ascension de Cléopâtre, ses amours tumultueuses, avec Jules César, qui lui donne un fils et la hisse sur le trône d'Égypte, puis avec Marc Antoine.
«Titanesque, monumental, magistral… Cleopâtre est le film de tous les superlatifs, de tous les excès. Un cauchemar pour Mankiewicz, qui ne voulut plus en entendre parler, un désastre financier pour les studios, LA superproduction la plus légendaire de toute l’histoire du cinéma. C’est aussi l’écrin de la passion naissante entre deux acteurs mythiques, Taylor et Burton, le théâtre final de la rivalité entre Mankiewicz et le producteur Zanuck, un étincelant portrait de femme, et l’enterrement grandiose de la magnificence hollywoodienne, qui étincelle une dernière fois de mille feux. Un film maudit, devenu depuis un chef d’œuvre… pharaonique.» 
La Cinémathèque Française
--> DIMANCHE 16 JUIN • 10H

 

LE LIMIER (SLEUTH)
Grande-Bretagne, États-Unis I 1973 I 2H18 I VOSTF I Avec Laurence Olivier, Michael Caine, Alec Cawthorne
Un riche auteur de romans policiers, féru d'énigmes, invite l'amant de sa femme dans son somptueux manoir. Lorsqu'il lui propose de se faire passer pour un cambrioleur afin de toucher l'argent de l'assurance, son rival accepte de jouer le jeu.
«Cette partie d'échec cinématographique pourtant outillée du minimum vital scénique - deux acteurs dans un lieu unique - commet l'exploit de nous laisser pantelant pendant près de deux heures et demie d'un suspense épuisant. Mankiewicz, dont Le Limier fut le dernier film, a certes pris soin de bien cacher son jeu. (…) Ce thriller subtil, aux dialogues ciselés, navigue sans cesse entre comédie et tragédie. Rien, dans le manoir anglais de Mankiewicz, où même le jardin est un labyrinthe, n'est jamais ce qu'il paraît être.»
Romain Franklin – Libération 1997
--> DIMANCHE 23 JUIN • 10H30