DU 20 AVRIL AU 15 JUIN
CINÉ-CLUB ORSON WELLES
ANIMÉ PAR FABIENNE DUSZYNSKI
Fabienne Duszynski est enseignante à l'Université de Lille et membre du comité de rédaction de la revue Vertigo.
« "Génie" est un mot que Welles détestait : il rappelait trop les facilités et les talents que Welles possédait en abondance dès l’enfance et qui fit de lui, dès les années 1930, un prodige du théâtre et de la radio. Il masquait le parcours cinématographique plein d’épreuves qui fut le sien, celui d’un cinéaste obsessionnel, auteur contrarié, souvent en conflit avec le système hollywoodien. On ne doit jamais oublier sa définition du cinéma : "Un film, c’est 10% d’inspiration et 90% de transpiration". La vie d’Orson Welles est un éloge permanent du travail artistique. »
Frédéric Bas – France Culture
LE CRIMINEL [THE STRANGER]
USA I 1946 I 1H35 I VOSTF
Avec Orson Welles, Edward G. Robinson, Loretta Young
Un policier traque un criminel de guerre nazi devenu professeur d'université dans une petite ville du Connecticut.
« Le Criminel est une tentative précoce et souvent magnifique de faire face à l’horreur qui vient d’ébranler le monde. Tourné sur un plateau hollywoodien, le film baigne dans une atmosphère d’étrangeté. Cette déformation de la réalité tient, comme le font remarquer Jean-Pierre Berthomé et François Thomas, dans Orson Welles au travail (Cahiers du cinéma, 2006), à la "dislocation des espaces", qui deviendra l’un des principes de mise en scène de Welles. » Thomas Sotinel – Le Monde
LA DAME DE SHANGHAI [THE LADY FROM SHANGHAI]
USA I 1947 I 1H27 I VOSTF I COPIE RESTAURÉE 4K
Avec Rita Hayworth, Orson Welles, Everett Sloane
Un marin rencontre une femme de la haute société qui l'embarque sur le yacht de son mari pour une croisière en Amérique latine. Il est bientôt soupçonné de meurtre.
« Par son génie esthétique, Orson Welles a tiré vengeance, moins de la star dont il allait ensuite se séparer définitivement que du système hollywoodien. Sans souci de construire logiquement l’intrigue, il a créé un univers d’images et de formes à la limite de l’onirisme. Chaque plan porte une charge d’insolite, de jeu entre les apparences trompeuses et la réalité. Les hommes d’affaires du clan Bannister sont assimilés à des requins (ce qui visait les producteurs d’Hollywood) et tout, ou presque, prend, dans ce film, un sens symbolique. » Jacques Siclier – Le Monde
MACBETH
USA I 1948 I 1H54 I VOSTF I COPIE RESTAURÉE 2K
Avec Orson Welles, Jeanette Nolan, Dan O'Herlihy
Macbeth, un noble écossais, est poussé par une prophétie maléfique et son épouse ambitieuse à commettre un acte de trahison qui le couronne roi.
« Il y aurait plusieurs volumes et quelques poèmes à écrire sur la seule lumière de chacun des films d’Orson Welles. Celle de Macbeth martèle la pièce de Shakespeare de faisceaux foudroyants, qui en illuminent l’essence et en font rayonner l’esprit. Elle découpe, modèle les espaces et sculpte le décor du film dans l’air brumeux de landes écossaises en carton-pâte - un théâtre d’ombres décadent où s’affrontent déterminisme et libre arbitre, croyances païennes et christianisme, vanités des hommes et puissances sourdes et violentes des fantômes qui investissent les destinées des orgueilleux. Elle dessine, au cœur de la mise en scène et du personnage du tyran Macbeth - littéralement dévoré par l’interprétation et le visage de Welles - un lieu primitif, sauvage, où bien et mal demeurent indistincts, s’enroulent et se noient dans un flux somptueux de noir et blanc, de clair et d’obscur, que le corps imposant et majestueux de Welles reçoit comme un habit de roi. » Julien Gester – Les Inrockuptibles
OTHELLO [THE TRAGEDY OF OTHELLO: THE MOOR OF VENICE]
USA, ITALIE, MAROC, FRANCE I 1952 I 1H33 I VOSTF I COPIE RESTAURÉE 2K
Avec Orson Welles, Michael McLiammoir, Robert Coote
Le général Othello, le "Maure de Venise", marié à la belle Désdémone, est victime de la jalousie de lago.
« Ce qui surprendra sans doute le plus dans le film, c'est son extrême morcellement, alors que jusqu'ici Orson Welles passait pour le champion des plans longs, c'est-à-dire des prises de vues d'un seul tenant sans coupure. Il s'est plu ici, au contraire, à diviser ses scènes à l'extrême par un montage extraordinairement morcelé, procédé excellent dans l'ensemble. Non seulement ce morcellement extrême des plans n'enlève rien à la beauté, à l'équilibre de chacun d'eux, mais on aperçoit mieux, en revoyant le film, la rigueur de leurs rapports. » André Bazin
DOSSIER SECRET [MR. ARKADIN]
FRANCE, ESPAGNE, SUISSE I 1954 I 1H38 I VOSTF I COPIE RESTAURÉE
Avec Orson Welles, Michael Redgrave, Robert Arden
L'aventurier Van Stratten veut faire chanter le puissant Arkadin, homme d'affaires international. Mais celui-ci l'engage pour retrouver les témoins de son passé.
« Ouvertement grimé, perruque et barbe, en dieu Neptune, Orson Welles est l'organisateur d'un voyage haletant et piégé, au sein d'un monde de trafic, de corruption et de crime. Découpé, tourné, monté, en plans chocs avec cadrages obliques, décors d'intérieurs plafonnés enfermant les personnages, ce film, emporté parfois par de prodigieux mouvements de caméra, porte la marque du génie baroque du cinéaste. Et si nous assistons à la chute d'un dieu oedipien élevé sur un piédestal de boue, la grandeur tragique d'Arkadin s'oppose à la médiocrité et la veulerie de l'aventurier Van Stratten. » Jacques Siclier – Le Monde
LE PROCÈS [THE TRIAL]
FRANCE, ITALIE I 1962 I 2H I VOSTF I COPIE RESTAURÉE 4K
Avec Anthony Perkins, Jeanne Moreau, Romy Schneider
Stupeur au saut du lit. Des hommes viennent arrêter Joseph K. Pour quel crime ? Qui l’accuse ? Nul le sait, pas même le principal intéressé.
« D'après l'œuvre de Kafka, le parcours absurde et cauchemardesque d'un citoyen victime d'une société bureaucratique totalitaire. Corps longiligne, gestes maladroits, Anthony Perkins endosse, tout en nuances, le rôle de l'anti-héros pris dans un labyrinthe sans issue. D'une architecture vertigineuse, les décors du Procès sont aussi grandioses que le château de Xanadu de Citizen Kane. Recréés en partie dans l'ancienne gare d'Orsay, ils matérialisent superbement le malaise kafkaïen et donnent l'occasion à Welles d'exprimer ses propres angoisses : « S'il m'a été possible de faire ce film, c'est parce que j'ai fait des rêves récurrents de culpabilité toute ma vie : je suis en prison, je ne sais pas pourquoi. C'est quelque chose qui me touche de près. » Son œuvre la plus personnelle, virtuose et hallucinatoire. » La Cinémathèque Française
VÉRITÉS ET MENSONGES [F FOR FAKE]
DOCUMENTAIRE I FRANCE, IRAN, ALLEMAGNE I 1973 I 1H28 I VOSTF I COPIE RESTAURÉE 4K
Habillé en prestidigitateur, Orson Welles annonce qu'il va dire toute la vérité sur Elmyr de Hory, l'un des plus célèbres faussaires au monde, dont les toiles ont trompé les meilleurs experts.
« Nourri par une mise en scène protéiforme, le film s’emploie à brouiller les pistes. Sens et non-sens, vérité et mensonge, le réel et l’imaginaire, tout ici s’entremêle dans un tourbillon d’images et de paroles. Le réalisateur de Macbeth s’éloigne de Shakespeare et crée son propre langage, en composant un film où le montage est roi. Il devient alors difficile de démêler le vrai du faux, mais cela en vaut-il vraiment la peine ? Pour reprendre la formule de Picasso, à qui Welles consacre la dernière partie de son film : "L’art est un mensonge qui permet de dévoiler la vérité." » Isaac Gaido-Daniel – La Cinémathèque Française
Tarif ciné-club : 9 € // - 26 ans : 8 € // Supplément de 2€ sur les cartes abonnés louxor, ugc illimité, cinépass, ciné-chèques et ccu