Ciné-club Ciné-club FREDERICK WISEMAN vol. 2

DU 11 JANVIER AU 8 MARS 2026
CINÉ-CLUB FREDERICK WISEMAN vol. 2
ANIMÉ PAR FABIENNE DUSZYNSKI
Fabienne Duszynski est enseignante à l'Université de Lille et membre du comité de rédaction de la revue Vertigo.
« Depuis cinquante ans, Frederick Wiseman, fin moraliste et explorateur inlassable de la nature humaine, s’attache à montrer comment les hommes vivent ensemble. Chez lui, les institutions, dans leur fonctionnement le plus ordinaire, sont le cadre idéal, au sens géographique et cinématographique, pour observer comment s’organise l’ordre et se formalise la violence dans la société américaine.
Autant de points de vue qui offrent rétrospectivement des concentrés d’une époque, de la contestation contre-culturelle de l’American way of life des années 1960-1970 à la lutte contre la gentrification d’aujourd’hui, comme une seule et vaste comédie humaine d’une centaine d’heures, balzacienne et renoirienne tant elle explore la complexité et respecte les raisons de chacun. Où les « chapitres » se répondent via de souterrains motifs, avec autant de personnages dont Wiseman, avec son goût du gros plan sur les visages, aura dressé le portrait, même furtif.
Le dispositif du cinéaste est simple : un opérateur, un assistant pour charger la caméra, un preneur de son (Wiseman lui-même et ses grandes oreilles à l’écoute du monde), qui place le spectateur dans cette position du découvreur qui assiste en direct à ce qui se déroule sous ses yeux. Des semaines de tournage sans repérage, et surtout des mois de montage, où dans un long travail de construction, de composition même, pourrait-on dire, tant les questions de musique et de rythme lui importent, Wiseman écrit une dramaturgie sans intrigue, dans l’esprit d’un Ionesco ou d’un Beckett, et qui sera son seul commentaire (pas de voix-off imposant un sens aux images, ni même de carton désignant ses personnages). Une œuvre donc qui, si elle travaille le réel, n’affirme pour autant aucune vérité, et a infusé nombre d’œuvres contemporaines de son cinéma. »
Antoine Guillot – Producteur de l’émission Plan Large sur France Culture
THE STORE
USA I 1983 I 1H58 I VOSTF I Copie restaurée 4K
1982. Entre les fêtes de Thanksgiving et les préparatifs de Noël, le personnel et les dirigeants d'un grand magasin s’organisent pour accueillir chaque jour une clientèle fortunée.
« Le premier film en couleurs de Frederick Wiseman est intégralement tourné dans un grand magasin de la chaîne Neiman-Marcus, à Dallas au Texas. À partir de ce film, géniale vue en coupe de l’organisation d’un grand magasin et de ses activités, Wiseman amorce une phase moins sociale que mondaine. Il frôle presque le pop art (Warhol apparaît d’ailleurs dans un de ses précédents films, Model). L’ambiance et le milieu décrit ici sont plus frivoles, tout comme dans certains de ses derniers films axés sur le monde culturel. » Vincent Ostria – Les Inrockuptibles
BLIND
USA I 1986 I 2H11 I VOSTF I Copie restaurée 4K
Le quotidien et le fonctionnement pédagogique de l'Alabama School, qui accueille des élèves aveugles.
« Du jardin d’enfant à la fin du lycée, des jeunes gens dans leur apprentissage adapté à la cécité. Blind transmet comment ici, avec un soin et une patience infinis, on construit une faculté à se mettre en relation avec le monde. Le film rend cela comme une aventure collective, qui peut parfois prendre la forme d’une bouleversante odyssée individuelle. » Arnaud Hée – programmateur cinéma à la BPI
ZOO
USA I 1993 I 2H10 I VOSTF I Copie restaurée 4K
Le Metrozoo de Miami en Floride : ses centaines d’espèces et ses foules de visiteurs armés d’appareils de prise de vue, son monorail, sa direction, son personnel dévoué.
« Le film de Wiseman, tourné au zoo de Miami en 1992, en détermine la géographie à l’aune d’un double parti-pris : d’une part, la frontalité des champs-contrechamps opposant les visiteurs du zoo aux bêtes dans leurs enclos ; d’autre part, le mimétisme propre à un regard empathique dans une série de plans réunissant animaux et humains au sein d’un même cadre. » Alice Leroy, Specimen, cobaye et viande : l’animal selon Wiseman, Images documentaires, 2015
PUBLIC HOUSING
USA I 1997 I 3H15 I VOSTF I Copie restaurée 4K
À Chicago, la vie quotidienne de la cité Ida B. Wells, un ensemble de logements sociaux dont les habitant·es, majoritairement noir·es et pauvres, luttent pour la dignité et contre l’exclusion.
« Après l'hôpital psychiatrique, la caserne, le grand magasin, Wiseman, éternel chroniqueur des institutions américaines, est allé interroger la réalité du logement social à Chicago [...]. Il peut y avoir des séquences choc chez Wiseman comme celle du supermarché, mais sa démarche repose essentiellement sur autre chose : une maïeutique de la rencontre et du montage, qui accorde tout son temps à la complexité des choses et des gens. En trois heures, Public Housing nous donne l'impression d'un voyage en direct. » Ange-Dominique Bouzet – Libération
DOMESTIC VIOLENCE
USA I 2001 I 3H16 I VOSTF I Copie restaurée 4K
Les interventions houleuses et complexes sur le terrain de la police de Tampa en Floride et une immersion prolongée au sein du "Spring", refuge pour les victimes de violences domestiques.
« Même si Wiseman affirme que ses fims sont "fictionnels dans la forme, et n'ont pas d'utilité sociale mesurable", on est en droit de douter que ces documentaires-là n'aient aucun rôle politique à jouer. L'exemple le plus marquant se trouve peut-être dans Domestic Violence. Parce que le film montre le processus de prise de conscience de femmes maltraitées par leur conjoint, parce qu'il met à jour les mécanismes d'emprise et la spirale de violences dont n'importe qui peut être victime, on voudrait qu'il soit visionné par le plus grand nombre. » Laura Freducci, Frederick Wiseman, à l'écoute, Playlist Society
DOMESTIC VIOLENCE II
USA I 2002 I 2H40 I VOSTF I Copie restaurée 4K
Le travail du tribunal civil de Hillsborough County de Tampa, en Floride, face aux cas de violences conjugales.
« Vingt-cinq ans auparavant, avec son huitième film, Juvenile Court (1973), Wiseman s’était déjà installé dans un prétoire et avait suivi le travail du juge Turner auprès des mineurs. […] Tout oppose [c]es deux films. Clarté du noir et blanc d’un côté, parfois jusqu’à la surexposition, la couleur pour les enseignes et les trouées de phares, dans les nuits brûlantes de l’été floridien de l’autre. Alors qu’à Memphis (Tennessee), le juge Turner passait le plus clair de son temps dans son bureau à tenter d’éviter à ces jeunes gens le procès lui-même et les pousser à entreprendre une réflexion sur leur conduite en traitant ces adolescents et même leurs parents perdus comme des adultes, les trois juges que suit Wiseman à Tampa sont chargés d’imposer la loi de l’État sans discussions ni exceptions. » Maurice Darmon, Frederick Wiseman, Chroniques américaines, Presses Universitaires de Rennes, 2002
BOXING GYM
USA I 2011 I 1H31 I VOSTF
Austin, Texas. Dans le club de boxe Lord's Gym fondé par Richard Lord, ancien boxeur professionnel, s’entraînent des personnes d'origines, de classes sociales et d’âges différents : hommes, femmes, enfants, docteurs, avocats, juges, hommes et femmes d'affaires, immigrants, boxeurs professionnels ou aspirants professionnels côtoient de simples amateurs et des adolescents en quête de force et d'assurance.
« On ne sortira pas du hangar, on ne visitera jamais la ville, mais elle est là, tout entière, dans ce bouillonnant sanctuaire de l’effort physique. Pas de commentaire. Mais des bribes de vie, happées sur le vif, et une ambiance. Affrontement ritualisé, sublimé, la boxe se substitue à la violence et à la tension des rapports sociaux hors du gymnase. Wiseman la filme en chorégraphe. » Cécile Mury – Télérama
NATIONAL GALLERY
USA I 2014 I 2H54 I VOSTF
Le portrait du musée londonien, institution peuplée de chefs d’œuvre de la peinture occidentale, son fonctionnement, son rapport au monde, ses agents, son public, et ses tableaux.
« Devant le foisonnement des mots et la richesse des facettes du musée abordées, on en oublie presque la plongée saisissante que ce documentaire propose dans les œuvres. Les manières dont le cinéaste filme les toiles démentent d’emblée l’idée d’un documentaire consacré uniquement aux discours – scientifique, historique, pédagogique, politique, esthétique – qui circulent dans ce lieu. Comment les chefs-d’œuvre de la peinture résonnent-ils en nous ? Le film, tout en participant lui-même à ces résonnances, pose la question. » Charlotte Garson, Wiseman, une institution ?, Images documentaires, 2016
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Tarif plein : 9 € (7€ + 2€ supplément conférence)
Tarif - 26 ans : 8 € (6€ + 2€ supplément conférence)
UGC Illimité, Abonnés Louxor, Ciné-chèque, ccu : + 2€ supplément conférence
